Communiqué: La police harcèle le Tour Alternatiba lors de sa visite en Allemagne du Sud

Bullen auf dem Gelände der Gartencoop in Tunsel

Un scandale: à la demande de la justice française, le procureur de la ville de Freiburg  a envoyé la police au beau milieu d'un évènement associatif à Tunsel afin de contrôler l'identité de tous les participants. Les cyclistes du tour Alternatiba ont été forcés de donner leur identité lors de leur pause-étape à la ferme de la Gartencoop le lundi 20.7., au prétexte qu'ils auraient commis des infractions à proximité de la centrale nucléaire de Fessenheim, quelques heures avant leur arrivée à Tunsel.

 

Mais reprenons depuis le début: le mouvement pour le climat Alternatiba, initié dans le pays basque, était de passage dans la région de Freiburg du 20 au 22 juillet 2015. Effectuant un tour de plus de 5000 km traversant la France, l'Espagne, le Luxembourg et la Belgique, il s'est arrêté à Tunsel, Freiburg et Weisweill-Wyhl, faisant du Bade-Wurtemberg la seule région d'Allemagne visitée par le tour.

 

Sous la devise "Changons le système, pas le climat", les activistes d'Alternatiba cherchent à faire bouger les politiciens et les citoyens avant la conférence climatique qui aura lieu à Paris en décembre (COP 21). Au coeur d'un changement climatique de plus en plus pressant, la planète ne peut se permettre un autre résultat mitigé sans réduction significative des émissions de CO2.

 

Après une visite à Mulhouse, où plus de 3.000 personnes ont pris part à l'action d'Alternatiba, le tour est passé devant la plus ancienne centrale nucléaire française, à Fessenheim. Une trentaine de cyclistes et de militants anti-nucléaires locaux se sont rassemblés devant les portes closes de la centrale pour une brève prise de parole. Les banderoles et les discours dénonçaient l'énergie nucléaire comme étant une fausse solution à la crise climatique, et réclamaient la fermeture immédiate de cette centrale aux pannes répétitives.

 

Le tour reprit ensuite rapidement sa route vers sa prochaine étape en Allemagne. Juste avant la frontière, il fut arrêté par la police française qui a contrôlé contre leur gré l'identité des participants. Il s'agissait du premier contrôle durant les 2300 km parcourus, depuis le départ du tour le 5 juin à Bayonne.

 

Environ 10km après la frontière, vers 13h30, le tour fut accueilli sous les applaudissements, et en présence de nombreux média, à la ferme coopérative maraîchère "Gartencoop" où les attendait un repas. De multiples échanges ont eu lieu au cours du déjeuner et durant les visites du projet. La coopérative démontre de manière exemplaire qu'en des temps de crise écologique et économique il est possible d'opposer un modèle viable et durable à l'agriculture industrielle.

 

Vers 16h30, alors que le tour se préparait à repartir en direction de Freiburg, il s'est vu barrer la route par un important dispositif policier (7 voitures de police et des chiens). Raison avancée: suite à la manifestation non déclarée devant la centrale de Fessenheim, la justice française aurait demandé l'appui du bureau du procureur de Freiburg et ordonné le contrôle d'identité de toutes les personnes présentes à Tunsel.

 

La police s'est montrée peu coopérative. Flanquée de chiens menaçants et de caméras, elle s'est avancée en masse sur la ferme cherchant l'escalade. Le responsable de l'opération n'était pas disposé à discuter et a rejeté toute demande raisonnable d'explication. Il a refusé de communiquer avec l'avocate contactée par téléphone par un des médiateurs, dans le but de clarifier les fondements juridiques de leur intervention.

 

Sans même présenter la décision par écrit du procureur, la police est entrée sur un terrain privé malgré un rappel du droit au respect du domicile et du réglement intérieur. Elle a contrôlé les identités des personnes présentes et les a filmées, malgré leurs protestations. Cette opération totalement exagérée nous apparaît comme une violation grave de notre liberté de réunion et d'expression. L'intervention a également fortement perturbé les activités de la ferme. Les voisins se sont montrés solidaires face à cette intervention de l'Etat dont l'envergure est démesurée pour ce village paisible.

 

Outre les traces laissées par les véhicules dans les terres agricoles, nous aurions aimé laisser une image plus accueillante pour nos invités internationaux.

 

La résistance de Wyhl qui empêcha la construction d'une centrale nucléaire est une légende historique volontiers mise en avant par la "Ville verte" de Freiburg. Cependant 40 ans plus tard, la moindre protestation contre la centrale nucléaire de Fessenheim déclenche une opération de grande ampleur sur le terrain d'une ferme alternative. Pour autant, nous ne nous laisserons pas intimider par les méthodes arbitraires et juridiquement douteuses de la police locale. La résistance pour un changement radical des relations économiques et écologiques se poursuit et nous en constituons une part active.

 

Nous demandons l'effacement des données recueillies, la fin du harcèlement à l'encontre des mouvements climatiques et environnementaux et une route libre pour Alternatiba!

Nous appelons à l'arrêt immédiat de la centrale défectueuse de Fessenheim et plus généralement à la sortie du nucléaire partout dans le monde. Pour une transition vers une énergie renouvelable, décentralisée et solidaire!

 

Nous souhaitons à nos ami-e-s du Tour Alternatiba un bon voyage. Nous nous réjouissons à l'idée de danser et manifester avec eux et des milliers d'autres personnes dans les rues de Paris en décembre, à l'occasion du sommet climatique de la COP21.

 

Notre climat - pas votre business! Changeons le système, pas le climat! Never trust a COP!

 

Gartencoop Freiburg

 


 

Liens: Radio RDL (de) communiqué d' Alternatiba | Aktionsbündnis Fessenheim stilllegen! (de) | Presse 1 2

Rapports: Systemwandel statt Klimawandel: Interview mit Alternatiba-Aktivisten (de) | SWR (min 21:26) (de) |