Italie: la révolution de Casapound termine à la Bocconi

casa pound

Le communisme et le fascisme sont deux idéologies qui proposent des choses grandioses, avec un très haut niveau d'exigence culturelle, dans le cadre d'une mise d'une société extrêmement développée sur le plan de l'organisation.

 

À l'individu sans avis et acceptant tout de manière libérale, vivant par et pour le profit, le communisme et le fascisme affirment la formation d'un être social nouveau.

 

Il est bien connu que ces deux idéologies s'accusent l'une l'autre de n'être que mensonges et tromperies. En tant que communistes, nous ne pouvons donc que regarder avec ironie les propos du chef de la Casapound, le mouvement fasciste italien qui profitent désormais de sièges très nombreux à travers toute l'Italie.

 

L'Italie ! Un pays avec un patrimoine culturel gigantesque, qui est laissé à l'abandon par un capitalisme moribond qui le vend aux entreprises ou à la haute bourgeoisie, comme à Venise, quand elle ne le laisse pas tomber en ruines.

 

Un pays dont une partie significative de l'économie et de la politique est aux mains de la mafia, par ailleurs toujours plus puissante.

 

Bref, il y en a des raisons historiques d'avancer dans ce pays, de connaître son histoire, sa culture, de mener la révolution. Encore faut-il ne pas être corrompu...

 

Or, si au départ, la Casapound revendiquait une mentalité de légionnaire, un idéalisme le plus complet, désormais l'installation dans le système si décrié amène un changement de ligne, une corruption toute libérale.

 

Voici ce qu'on lit dans une interview accordée au quotidien de centre-droit de Milan, Libero, où il y a justement l'université dont il est parlé : la Bocconi, qui est un équivalent direct de nos meilleures écoles de commerce en France.

 

La Bocconi est d'un très grand prestige international dans la haute bourgeoisie et cette université privée propose pour entre 5 et 11 000 euros tout le confort pour des études commerciales, une bibliothèque de 800 000 ouvrages mais aussi une chaîne de télévision et une de radio, sept salles de sport, cinq de jeux vidéos, etc.

 

Mario Monti, homme politique italien ayant joué un rôle dirigeant dans l'Union Européenne, est passé par la Bocconi, qu'il a ensuite présidé et dont il est encore aujourd'hui l'un des symboles.

 

Vous êtes fort y compris à la faculté de Bocconi (une faculté de Milan) ; chez les aspirants managers, on trouve vos livres et vos disques…

 

Gianluca Iannone :  A condition de ne pas devenir comme Monti. C’est pratique de s’identifier avec le sous prolétariat romain mais c’est juste un moyen pour nous homologuer et nous écraser.

 

Nous travaillons tous, nous ne sommes pas contre le fait de gagner de l’argent. CasaPound chez Bocconi ne doit pas surprendre, chez nous il y a de tout et même des professions libérales, mais nous avons surtout énormément d’étudiants.

 

« Nous ne sommes pas contre le fait de gagner de l'argent » : s'il y a une phrase qui est digne du cynisme du commerçant qui aimerait diriger un empire capitaliste, c'est bien celle-là.

 

Fini les rêves grandiloquents d'une Rome restaurée, d'une Italie vivant dans le corporatisme et l'héroïsme, façonnant un nouvel empire à force de volonté !

 

La volonté s'efface devant ce principe trivial, banal : se faire de l'argent est une activité qui aurait sa dignité.

 

Où est le goût du risque, l'éloge du danger, l'honneur du sacrifice prônés par la Casapound ? Car il est évident qu'on ne les trouvera pas dans les professions libérales, ces gagne-petit du quotidien s'engraissant de manière commerçante sur le dos des masses.

 

Quand on a dit cela, on a tout dit et le responsable de la Casapound peut bien abandonner ses rêves d'homme nouveau, au profit d'une simple appréciation de la « droite » italienne, Silvio Berlusconi compris. Silvio Berlusconi compris ! Ce sinistre clown qui est on ne peut plus éloigné de toute exigence morale et culturelle.

 

Mais il vous est sympathique Berlusconi ?

 

Gianluca Iannone : On a voté pour lui, peu, et espéré, beaucoup quand il s’est engagé en politique pour virer les communistes. Berlusconi nous a fait plaisir dans ce sens là mais il a eu beaucoup de pouvoir et n’a pas su le gérer (…).

 

L’Italie est de droite ?

 

Gianluca Iannone :  Elle est certainement anticommuniste. Dans la mémoire collective des Italiens, le souvenir est celui d’avoir été bien gouverné par la droite.

 

Ces paroles montrent bien que le fascisme de la Casapound n'est pas un projet révolutionnaire, de nature transcendante. Le style volontairement décalé et agressif quelle met en avant, l'esthétique rebelle qui est sienne, le ton franchement revendicatif, tout ceci ne fait que masquer un berlusconisme ultra.

 

Le fascisme de Benito Mussolini, avec tout son idéalisme de type national-syndicaliste, se revendiquait comme projet total pour l'Italie. C'était de la démagogie, comme l'Histoire l'a montré. Le Vatican n'a même pas été remis à sa place, loin de là même.

 

Mais au moins il le prétendait, c'est cela qui lui a accordé une signification à proprement parler italienne dans l'histoire de son pays.

 

Le projet de la Casapound n'atteindra jamais ce niveau : s'il est déjà de droite, jusqu'à se présenter comme un Silvio Berlusconi allant jusqu'au bout, c'est qu'il n'a pas de substance.

 

La Casapound restera un cosmopolitisme, un foklore semi-littéraire appréciant le romancier japonaisYukio Mishima, le romancier américain Ezra Pound, l'écrivain français (et collabo) Robert Brasillach ou encore l'ultra-réactionnaire français Dominique Venner présenté comme un « samouraï d'occident » parce qu'il s'est suicidé, dans une église qui plus est.

 

Comme la Renaissance est loin !

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