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Ce mardi 5 avril marque l'ouverture à Nancy du salon de tatouage « Sanctus Tattoo », où officieront (au moins) deux néo-nazis notoires. La simple vue du flyer annonçant l'ouverture du salon suffit à mettre la puce à l'oreille : parmi les 5 photos de tatouages retenues pour l'illustrer, le choix d'un imposant tatouage inspiré du film 300 n'est pas anodin. Beaucoup de nationalistes se rêvent ainsi, tels une poignée de Spartiates, dernier rempart contre des hordes perses fantasmées qui chercheraient à envahir l'Europe.

[Mise à jour du 13 mai] Mise en ligne d'une pétition pour exiger la fermeture du salon. À signer et à diffuser massivement.

En cherchant un peu, on découvre très vite le pot aux roses : aucun doute à avoir, les deux tatoueurs du salon sont néo-nazis. Nous voilà fixés.

Tout d'abord, le propriétaire du salon, un certain Jérémy Felt (alias Jérémy FT sur Facebook : facebook.com/profile.php?id=100009049339721). Celui-ci, du haut de ses 30 ans, possède déjà une entreprise de rénovation, la SARL Thiébaut-Felt, qu'il a créée avec Kevin Thiébaut. Kevin Thiébaut qui, d'ailleurs, n'est pas non plus un inconnu dans la scène facho locale : il s'agissait du perceur de l'ancien salon « Au Cœur de l'Encre », aussi établi à Nancy, qu'il partageait avec Grégory Fleurance, un autre tatoueur néo-nazi du cru. Décidément...

Mais revenons-en à Jérémy Felt. Domicilié à Toul, ce jeune entrepreneur décide donc de se payer un salon de tatouage à Nancy. Effectivement, au vu de ses photos, il semble familier avec le tatouage. On appréciera notamment le tatouage « Terre et Peuple » (un groupuscule racialiste païen dirigé par l'ancien frontiste Pierre Vial, et dont la devise est « Résistance Identitaire Européenne »), le « Brotherhood » dans le cou, ou encore le très fin « Death to ZOG » à l'intérieur du coude (« ZOG » voulant dire « Zionist Occupation Government », ou « Gouvernement d'occupation sioniste », fantasme récurrent des néo-nazis, qui voient des complots juifs partout). Mention aussi particulière pour le T-shirt « Me ne frego » (« Je m'en fous » en italien), célèbre devise fasciste sous Mussolini.

Quelques tatouages de Jérémy Felt.

Néanmoins, de l'autre côté de l'aiguille, Jérémy Felt a nettement moins d'expérience. Il n'y qu'à voir ses œuvres qui illustrent le portfolio de Sanctus Tattoo (sur Facebook : facebook.com/sanctustattoonancy/photos facebook.com/profile.php?id=100011601377340&sk=photos) : le trait est hésitant, naïf, voire carrément niais. À la limite d'un ado désœuvré qui gribouille dans son cahier de maths. On comprend donc mieux pourquoi il a voulu monter son affaire avec un autre tatoueur un peu plus expérimenté : Jérémy Recagno (alias Jerry).

[Mise à jour du 6 avril] Là encore, peu de doute à avoir quant à l'appartenance politique de Jérémy Recagno : outre les tatouages explicites qu'il arbore sur le visage, cet individu s'est déjà illustré à plusieurs reprises pour des faits de violences racistes ou contre des militants de gauche, pour lesquelles il a été condamné à deux ans de prison ferme. Lire par exemple ici ou là (une copie de ce dernier article est disponible ici).

[Mise à jour du 13 avril] D'ailleurs, aux dernières nouvelles, Jérémy Recagno est à nouveau en prison depuis novembre dernier pour détention d'armes, d'après La Provence.

Il suffit aussi de jeter un œil à son portfolio (toujours sur la page Facebook du salon) pour s'assurer que Jérémy Recagno tatoue du nazi depuis belle lurette. On pourra ainsi remarquer, sous un visage de Jésus, poindre la tête d'un marteau qui n'est pas sans rappeler le logo des Hammerskins.

Mieux encore, on y trouve aussi le tatouage « Honneur & Fidélité », avec un Irminsul au milieu (encore un symbole païen, repris par le groupuscule Blood & Honour Hexagone) ou encore le « S », logo de Skrewdriver (groupe de oï néo-nazi dont la mémoire du chanteur, Ian Stuart Donaldson, mort en septembre 1993, est célébrée tous les ans par les différents groupes Blood & Honour, justement).

Et, effectivement, le lien avec Blood & Honour n'est pas dur à trouver : ces deux tatouages de Jérémy Recagno sont en fait portés par la même personne, Jonathan Bottin, un ancien Toulois (encore !) vivant désormais à Genève, accro à la gonflette et membre actif de Blood & Honour Hexagone. On reconnaît ainsi sur ces photos le torse de Jonathan Bottin (avec le splendide trio skinhead / soldat nazi / gaulois sur le pec' gauche) quand il était un peu plus jeune, ou encore le « S » sur le dos de la main droite.

Jonathan Bottin nous montre ses tatouages (et ses bras difformes).

D'ailleurs, l'engagement de Jonathan Bottin au sein de Blood & Honour Hexagone n'est plus à prouver : il suffit de prendre n'importe quelle photo de l'équipe de sécurité des concerts organisés par B&H Hexagone pour l'y retrouver, en compagnie de plein de beau monde. Par exemple lors du concert du 5 mars dernier à Torchefelon, dans l'Isère, qui a fait grand bruit dans la presse locale. On retrouve ainsi sur cette photo :

1. Jean-Yves Wébert (de Toul, encore)
2. Yoann Lodbrok (Bourgoin)
3. Jonathan Bottin (Genève)
4. Alexis Peissonneaux (Lyon)
5. Romain Blachon (Lyon)
6. Loïc Delboy (Marseille, chef de B&H Hexagone)
7. Xavier Bourgeois (Collombey-Muray, Suisse)
   
8. Nicolas Gayraud (tatoueur faf aussi, chez Misanthrop'Ink, à Monthey, Suisse)
9. Loïc Staïano (Toulouse)