Rassemblement néo-nazi dans les P.-O.: l'éclairage de Nicolas Lebourg

Erstveröffentlicht: 
18.05.2013

Universitaire à Perpignan, N. Lebourg est spécialiste de l’extrême droite en France.

 

Les Hammerskins se sont-ils bien implantés en France?

Les premiers ont connu des difficultés. Leur journal dénonçait le FN comme "le dernier bastion de la juiverie française" et menaçait d’éventuels lecteurs juifs de se transformer en savonnettes ou abat-jour… Le principal rédacteur a été arrêté fin 1997 pour des menaces de mort adressées à des personnalités juives et la mise en ligne du mode de fabrication de bombes. Les membres de leur section provençale ont été arrêtés suite à une profanation au cimetière de Toulon où ils avaient déterré un cadavre, défoncé son crâne et planté un crucifix dans son thorax. Tout cela les a liquidés jusqu’à ce qu’un nouveau groupe se constitue, moins porté sur ce type de provocations.

Quels liens entretiennent-ils avec le reste de l’extrême droite?

Ils sont plutôt isolationnistes, mais un événement comme ce concert vise justement à attirer et radicaliser les jeunes nationalistes à leur profit. Sur leur affiche on reconnaît le logo d’Europe Solidarité, proche de Terre et peuple qui a une section roussillonnaise depuis 2011 et qui a récemment condamné l’attitude de Jean-Marc Pujol quant au futur spectacle de Dieudonné.

Y a-t-il déjà eu ce type d’événements en Roussillon?

A l’été 1986, il y a eu de très violents affrontements à Argelès dus à des skinheads qui se rendaient à un rassemblement à Lloret-de-Mar. Suite à cette rixe, ce rassemblement avait été interdit et déplacé à Barcelone où il y avait eu de nouveaux affrontements. Cela montre bien la difficulté des pouvoirs publics: le rassemblement peut certes être vu comme constituant un risque de troubles à l’ordre public, mais en même temps il vaut mieux 200 personnes qui dansent dans un coin que les mêmes, privés de leur manifestation, dans les rues.