Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes, s’est rendue les 24-25 novembre à Berlin, pour une première visite de travail bilatérale à l’étranger. Il est en effet de tradition, pour la France et l’Allemagne, que le premier déplacement à l’étranger du nouveau ministre soit réservé au pays partenaire.
Le ministre s’est déjà entretenu par téléphone avec son homologue allemand, M. Guido Westerwelle,
vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères, le jour de sa
prise de fonctions et a pu avoir un premier échange avec ce dernier, en
marge du sommet de l’OTAN à Lisbonne.
A Berlin, le 25 novembre, Mme Alliot-Marie a évoqué avec M. Westerwelle les principaux sujets
de l’actualité européenne et internationale, en particulier la
gouvernance économique en Europe, la présidence française du G8 et du
G20, la coopération franco-allemande au conseil de sécurité des
Nations-unies, les grandes crises internationales ainsi que les questions bilatérales telles que la préparation du prochain Conseil des ministres franco-allemand,
qui doit avoir lieu en Allemagne au début du mois prochain. Un point de
presse conjoint se tiendra à l’issue de cette rencontre.
Mme Alliot-Marie a également été reçue par Mme Angela Merkel, chancelière fédérale, avant de regagner Paris.
A cette occasion, Michèle Alliot-Marie a accordé un entretien à la Frankfurter Allgemeine Zeitung
" Dans quel état d’esprit abordez vous votre première visite à Berlin, en pleine crise de l’Euro ?
J’ai effectivement décidé de me rendre à Berlin
pour ma première visite en tant que ministre des Affaires Etrangères et
Européennes. C’est le symbole de mon amitié et la marque de ma volonté
de travailler avec notre partenaire allemand. La
coopération entre la France et l’Allemagne, fondée sur la confiance et
tournée vers l’avenir, est aujourd’hui plus nécessaire que jamais.
Quel rôle revient aux Ministres des Affaires Etrangères dans un monde qui change et face à la crise de l’Euro ?
C’est justement un des sujets que je souhaiterais aborder avec le ministre Guido Westerwelle. Quels
sont les enjeux de la relation franco-allemande pour l’Europe et plus
largement pour la communauté internationale ? La gouvernance économique
de notre zone monétaire commune en est un. Sous la direction
du Président Sarkozy, nous sommes attachés à la culture de stabilité.
Le débat est ouvert sur la forme de gouvernance économique dont l’Euro
a besoin.
Allez-vous rencontrer la chancelière Merkel ?
Je suis effectivement très contente de retrouver la
Chancelière à Berlin. Nous nous connaissons de longue date, depuis que
nous exercions les fonctions de ministres pour la jeunesse dans nos
pays respectifs en 1993. Nous nous sommes retrouvées comme chefs des
partis majoritaires. Depuis, notre échange n’a pas cessé.
Cependant on peut constater un certain désenchantement dans les opinions publiques des deux pays sur l’Europe.
Je vois deux causes qui expliquent ce sentiment concernant
l’Europe. Tout d’abord, le contexte de la crise economique et
financière, qui perdure, et qui crée un climat de malaise, poussant les
opinions publiques à un certain repli sur soi. L’autre raison est plus
structurelle : il est difficile de montrer les avantages que l’Europe
et l’Euro representent dans la vie quotidienne des citoyens. Or, c’est
ce qu’attendent de l’Europe la plupart des citoyens Européens . Ils
veulent des améliorations concrètes dans leur vie quotidienne. Cela
explique ma volonté de miser sur des projets de coopération franco-allemand très concrets.
Quel est votre programme de travail en vue du sommet franco-allemand de Freiburg le 10 décembre ?
Nous allons faire le point sur l’agenda 2020
qui a été présenté en début d’année. Il s’agit des propositions très
concrètes comme le nouveau régime matrimonial pour des couples
franco-allemands, des voitures électriques en zone frontalière ou des
nouveaux échanges pour des lycéens. Suite aux déclarations
d’intentions, nous examinons les avancées. Mais il y aura d’autres
sujets, comme la gouvernance économique de l’Europe ou une coopération plus importante dans le domaine de l’énergie.
Suite à l’initiative franco-britannique de défense, quel avenir pour la cooperation militaire entre la France et l’Allemagne ?
L’initiative franco-britannique est avant tout au service du projet de renforcement et de développement de l’Europe de la défense que nous partageons avec nos amis allemands
L’Europe de la défense s’est retrouvée dans une certaine mesure en
panne à cause de la crise et des contraintes de discipline budgétaire.
Toutes les initiatives, qui aident à renforcer nos capacités
militaires, à mieux utiliser nos moyens, à mutualiser nos efforts, sont
les bienvenues. C’est aussi vrai pour la relation franco-allemande et
les rencontres du triangle de Weimar montrent qu’il y a une grande marge de progression dans le domaine de la défense avec la Pologne.
Vous êtes une gaulliste de conviction, avez-vous eu des réserves
sur le retour de la France dans le commandement integré de l’Otan ?
Non, il s’agit d’une suite intelligente et logique
de l’engagement militaire de la France dans l’OTAN. Le retrait de la
France du commandement intégré sous le général de Gaulle était
circonstanciel ; il s’agissait d’etablir une force nucléaire
indépendante. Je vous rappelle que Jacques Chirac a tenté dés 1995 de
réintegrer le commandement intégré de l’Otan. Nicolas Sarkozy poursuit
donc une ligne qui était celle des présidents gaullistes.
Avez vous l’intention de vous investir davantage dans les affaires européennes ?
J’ai avec Laurent Wauquiez un excellent ministre
chargé des affaires européennes dont la mission consiste à veiller sur
une bonne entente franco-allemande comme sur les affaires européennes.
Mais vous pouvez être assurés de ma volonté de m’investir pleinement et personnellement dans l’avenir européen. "